Après Rêvalité sorti en 2021, Thérèse revient avec un nouvel EP intitulé metaREverse dans lequel elle questionne nos futurs à travers cinq titres, tous inspirés de son propre vécu. La chanteuse sera en concert à La Boule Noire le 28 septembre 2023. Avant ce grand rendez-vous, elle a accepté de son confier à Concert Mag.
Concert Mag : Pourquoi ce titre “metaREverse” ?
Thérèse : J’ai voulu m’inspirer du métavers qui renvoie à tout ce qu’on est en train de développer en ce moment, notamment sur Facebook et Instagram. C’est tout ce monde virtuel dans lequel on baigne énormément. Je me suis demandé comment est-ce qu’au milieu de tout ça, on garde un lien humain ? C’est pour ça que j’ai fait ce jeu de mots “metaREverse”. Mon premier EP s’appelait Rêvalité. Ce nouvel EP sonne comme le souhait d’un retour à l’humanité ou tout simplement de faire attention à garder l’humanité que l’on a sans devenir complètement des robots qui évoluent dans un monde virtuel.
Tu portes un jugement en particulier sur les réseaux sociaux ou le monde virtuel ?
Non pas tellement. Je me questionne juste sur la nature humaine et sa proportion à détourner les outils. Je ne pense pas que les réseaux sociaux soient une mauvaise chose, bien au contraire. Je les utilise énormément pour essayer de véhiculer des idées, de donner du courage et de l’espoir aux gens, pour entrer en contact avec d’autres êtres humains. En revanche, je trouve que, lorsqu’on ne fait pas attention, on peut être soit asservis par ces réseaux sociaux ou asservir d’autres personnes par ces outils.
Dans cet EP, il y a entre autres le titre “Mala Diva” où tu évoques la maladie. Tu as été gravement malade. Comment tu l’as vécue ?
Ca a forcément été difficile parce qu’en fait, je suis atteinte d’une polykystose hépatorénale héréditaire [une maladie qu’elle a découverte à l’âge de 27 ans]. C’était très lourd à porter, dans tous les sens du terme. Au bout d’un moment, les médecins m’ont proposé une greffe parce que j’avais du mal à chanter, à danser sur scène, c’était assez compliqué. Du coup, je me suis fait greffer un nouveau foie et pas les reins parce qu’ils fonctionnent très bien. Je me suis faite opérer le 5 novembre 2022. Depuis, j’ai connu une période de convalescence et je me sens beaucoup mieux. Merci la médecine et merci la vie et aussi mon corps de se remettre bien et aussi vite. C’est vrai que ça a été difficile et douloureux par moment. Mais comme je le dis dans la chanson, cette épreuve m’a appris énormément de choses. Elle m’a appris à apprécier toutes les choses de la vie, même les plus petites. Je dis cette phrase dans “Mala Diva” : “Le temps, c’est celui qu’on prend, merci de me l’avoir dit”. Cette maladie m’a fait prendre conscience qu’il était important de vivre l’instant présent, de chérir toutes les choses qui nous rendent heureux au quotidien plutôt que de voir uniquement le négatif.
Est-ce que le titre “Mala Diva” a donné de la force à des personnes qui sont également atteintes de graves maladies ?
En effet, j’ai posté cette photo où j’ai commencé à tout déballer. J’avais bien pesé mes mots et bien réfléchi à comment j’allais dire ce que je voulais dire. Comment je voulais le faire et avec quelle photo etc. En revanche, je n’avais pas du tout réfléchi à la réception de ce message par le public. Et j’ai été agréablement surprise à la fois par le soutien des gens qui m’ont donné énormément de force. En même temps, je me suis rendue compte que ma maladie est encore extrêmement tabou. Pourtant, on a tous autour de nous des gens qui sont atteints d’une grave maladie, qu’ils soient jeunes ou vieux, peu importe leur couleur de peau. Mais le fait de dévoiler ma maladie a donné de la force à énormément de gens, y compris des personnes qui n’avaient rien à voir avec moi ou qui n’avaient pas la même maladie que moi. J’ai même fait une vidéo sur Tik Tok qui compte plus de 600 000 vues. Je suis heureuse de voir que le simple fait de raconter mon parcours puisse permettre à des gens de se sentir moins seuls dans leur maladie.
Tu as dévoilé il y a quelques semaines le titre “No Rules” qui figure également dans l’EP ? De quoi parle cette chanson ?
Dans cette chanson, j’explique qu’il n’y a pas tellement de règles dans la vie. On veut nous faire croire qu’il y a des normes à respecter absolument pour pouvoir réussir sa vie. Et ce titre parle du fait que ce n’est pas essentiellement vrai. Toutes cette norme là est imaginaire et n’hésite pas. La société nous pousse à nous diviser pour mieux régner et nous invente des cases et des micros cases pour que nous soyons unis les uns les autres, alors qu’en réalité, quand on s’ouvre aux personnes, on se rend compte qu’on a bien plus en commun avec les gens qu’on ne le croit. J’ai enregistré ce titre chez moi et ce qui est dingue, c’est que le clip a été diffusé sur M6, CSTAR et MTV. C’est fou ! J’aimerais aussi que les radios nationales puissent être ouvertes à ce genre de musique parce que, je suis certes une chanteuse française d’origine asiatique, mais je chante en trois langues : anglais, français et de temps en temps en chinois. Et le problème en France, c’est qu’il y a toujours des quotas. Du coup, j’ai beaucoup moins de chance d’être diffusée dans les radios comme la plupart des artistes qui chantent en français. Mais je reste persuadée que ma musique peut continuer de plaire à beaucoup de gens.
Est-ce que tu prépares d’ores et déjà ce fameux concert à La Boule Noire prévu le 28 septembre prochain ?
Oui ! C’est ma date. Ce sera aussi le lancement de ma nouvelle tournée. Je vais entrer en résidence pour me remettre sur pied à partir de fin juin. Et entre-temps, je réfléchis déjà à mes invités. J’ai très très hâte ! J’invite les gens à prendre leur billet parce qu’ils sont déjà en ligne. J’ai des places qui commencent déjà à se vendre.
Un dernier mot pour les personnes qui te soutiennent et aiment ta musique ?
Je leur dis un immense merci car sans eux, je chanterais juste dans ma chambre ! Je veux aussi leur dire de ne pas hésiter à partager ma musique en en parlant auprès de leurs proches. En tant qu’artiste indépendante, j’ai beaucoup moins de sous que les grandes maisons de disques qui ont beaucoup d’argent pour faire de la pub etc. C’est pour ça que j’invite les gens à soutenir au maximum les artistes indépendants.
Image en une : Lisa Miquet.
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