Le Nantes Metal Fest se tient chaque année au Ferrailleur (célèbre lieu de pèlerinage de l’île de Nantes pour bon nombre de « métalleux »). Fidèle à la tradition qui a fait son succès, il propose une quinzaine de groupes échelonnés sur trois jours. Toutefois, alors que le millésime 2017 s’était terminé un dimanche soir, ce dernier opus s’est clôturé un samedi, permettant ainsi à un maximum de festivaliers d’être présents jusque tard dans la nuit, la plupart d’entre eux profitant ensuite d’un salvateur repos dominical. Un choix qui s’est avéré judicieux tant il est vrai que la salle, capable d’accueillir 300 à 350 personnes, était comble jusqu’à la fin des festivités. Autre nouveauté : les maîtres des lieux ont eu l’heureuse initiative d’offrir un « shooter » de Jägermeister tous les soirs aux premiers arrivants. Inutile de préciser que, eu égard à mon « sens du sacrifice », j’y ai eu droit les trois fois… Un vrai héros ! -Jeudi 6 décembre 2018 – C’est Hilldale, groupe nantais de dark-harcore créé en 2014, qui ouvre « le bal » dans une demi-pénombre en harmonie avec l’atmosphère lourde véhiculée par leur musique. Une belle entrée en la matière, avec un son gras, épais à souhait. Le public se montre très rapidement réceptif face à cette prestation réussie. Moins d’une heure plus tard, nos « joyeux drilles » cèdent la place à Lux Incerta, des « fêtards » parisiens qui officient dans le doom-metal-gothique depuis l’année 2000. Ils s’en donnent à coeur joie, déclinant parfaitement leurs compositions sans aucune anicroche, sur lesquelles la voix plutôt claire du chanteur contraste bien avec le son écrasant des instruments : belle fusion de sonorités ! Vient ensuite le « réveil des troupes » avec 20 Seconds Falling Man, qui, sans transition, assène un post-hardcore efficace incluant toutes les recettes du genre : voix éraillée et puissante, accords secs, cadencés, et rythmes effrénés. Le chanteur descendant même de la scène pour hurler ses paroles au milieu des festivaliers. Aucun doute, la prestation de ces cinq nantais enflamme le public déjà bien chauffé par les deux précédents opus. C’est donc dans une atmosphère électrique que Fange monte sur scène. Précisons de suite qu’avec son sludge-death, le quintet rennais fait encore un peu plus monter la pression avec ses morceaux incisifs et ses sonorités bien saturées. La recette prend et l’ambiance est déjà quasiment à son paroxysme quand Hangman’s Chair prend le relais. Leurs compositions, teintées de rock, de sludge, de stoner et de doom, s’avèrent idéales pour clore cette première soirée. Rythmes lents, accords lourds puissamment assénés et chant souvent à la limite de l’aigu sont la signature de ce groupe originaire de l’Essonne qui, fort de cinq albums studio produits depuis ses débuts en 2005, sait conquérir un public sans cesse grandissant. Bref, une première soirée très réussie, qui laisse augurer par la suite un excellent cru 2018 qui devrait se confirmer avec les deux soirées suivantes !
– Vendredi 7 décembre 2018 – Enthousiasmé par la première date du Nantes Metal Fest 2018, c’est donc le coeur enjoué que je me rends au Ferrailleur pour le deuxième soir. Pour autant, dès l’entrée de Solar District, premier groupe à jouer, le ton s’annonce clairement différent de celui de la veille. Exit les vagues hardcore, sludge et autres qui laissent alors place à un electro-rock assumé pleinement par le groupe nantais. J’ai apprécié ce changement « d’air » qui fait preuve d’une réelle ouverture de la part des organisateurs. Le trio bordelais Little Jimi les remplace ensuite sur scène, jouant des titres aux compositions rappelant furieusement les années 70, avec des sonorités électriques psychédéliques qui sonnent comme un hommage à un certain… Jimi Hendrix. Pari tenu car le public, bien présent, exprime clairement sa satisfaction. Le milieu de soirée est assuré par BigSure, groupe nantais et chantre du stoner qui distille au fil de son set de longs morceaux très travaillés même si, je l’avoue ce style musical n’a habituellement pas trop mes faveurs. Toutefois, la prestation est propre, ainsi que l’attestent les ovations du public quand vient l’heure de céder la place à Enlightened, autre formation nantaise qui distille un metal progressif ponctué de stoner et de rock psychédélique qui, bien que correctement joué, me laisse assez de marbre. A ce stade assez avancée de la soirée, j’aurais sans doute préféré un groupe plus « nerveux ». Mars Red Sky conclut ensuite le second jour du festival en prolongeant cette ambiance psychédélique et lancinante, à laquelle j’ai eu un peu de mal à me raccrocher, sans doute déjà un peu lassé par le set précédent. Au final, j’ai clairement moins apprécié que la précédente cette deuxième date, même si je dois admettre que le public semblait plutôt conquis.
– Samedi 8 décembre 2018 – J’aborde le dernier soir du festival avec une certaine appréhension, me demandant si je vais retrouver l’enthousiasme du jeudi ou le petit « spleen» ressenti la veille. La réponse me parvient sous forme d’une claque, d’un vrai « bourre-pif » sans sommation – ainsi que l’écrit si bien Michel Audiard – via l’entrée en scène de Shade and Dust ! Et quelle baffe ! Ce tout jeune quintet nantais (formé en 2015) joue un death alternatif assaisonné d’une pointe de groove mélodique. Porté par son chanteur Kolia, le groupe conquiert le public en moins de temps qu’il ne m’en faut pour l’écrire. Incroyable ! C’est pour moi LA révélation du festival et me voila donc regonflé à bloc. Cela tombe bien car il va falloir encaisser la suite ! D’emblée la joyeuse bande de Desperhate frappe également très fort. Leur trash metalcore, incisif, maintient la température de la salle déjà chauffée à blanc. Les pogos fusent bon train dans une ambiance bon enfant et toujours aussi amicale. C’est l’une des marques de fabrique de ce « petit » festival qui, s’il n’est pas aussi prestigieux que les plus grands (Hellfest, Download), sait garder au fil des ans une dimension humaine (dès le premier soir on se sent « en famille » et cela fait chaud au coeur). La sauce étant bien prise, c’est alors au tour de Heart Attack de monter sur scène. Pas le temps de respirer car les cannois déclament de suite leur groove trash metal puissant et aiguisé comme la lame d’un « coupe-chou » : c’est bon, c’est brutal et cela fait du bien à nos oreilles… Le bonheur ! Un bref passage par le bar et c’est déjà au tour de Flayed d’enchaîner. L’ambiance musicale évolue vers un hard rock savamment joué, auréolé de groove et de bon vieux rock’n’roll ! Mené tambour battant par son charismatique chanteur Renato, les isérois maintiennent la cocotte sous pression, ovationnés par un public conquis par un show sans faute. Une vraie réussite ! Les Sticky Boys ont ensuite la lourde tâche de clôturer le festival, mission dont ils s’acquittent parfaitement grâce à leur hard rock aux consonances rock’n’roll fort attrayantes. Il en résulte une impression générale d’allégresse, et le Ferrailleur peut, une fois de plus se targuer d’avoir réussi son Nantes Metal Fest 2018. C’est bien simple, j’ai déjà hâte d’y retourner !