La 17ème édition des Nuits Secrètes d’Aulnoye-Aymeries s’est terminée ce dimanche. Nous y étions ce vendredi 27 juillet pour l’ouverture. Retour sur ce festival pas comme les autres…
La place qui accueille la grande scène du Festival Les Nuits Secrètes se remplit doucement quand apparait Clara Luciani, la nouvelle étoile de la pop française. C’est elle qui a la difficile tâche d’ouvrir le festival cette année sous un soleil de plomb. Il fait une chaleur étouffante. Heureusement, des moyens ont été mis en place par les organisateurs pour aider les festivaliers à supporter la chaleur. Les pompiers n’hésitent pas à ouvrir leurs lances-incendies pour rafraichir la foule et des robinets ont été installés pour nous permettre de remplir nos bouteilles d’eau.
Clara Luciani, c’est la révélation francophone 2018. Depuis la sortie en avril de son album Sainte Victoire très bien accueilli par la presse, elle enchaine les promos et les scènes partout en France. Elle est d’ailleurs présente sur pas mal de festivals cet été. D’une beauté saisissante (la classe incarnée !), elle nous fait découvrir les titres tantôt gais, tantôt mélancoliques de son premier album qu’elle a elle-même composés : Monstre d’amour, On ne meurt pas d’amour, Comme toi , Les fleurs, Eddy et bien sûr sa chanson La grenade, un titre engagé où elle n’hésite pas à interpeler le public : « Eh toi ! Qu’est-ce que tu regardes ? T’as jamais vu une femme qui se bat ? ». Avec ce titre, Clara Luciani détruit les clichés sur une féminité fragile et affirme une féminité puissante et explosive à l’image d’une grenade. Sur scène, l’artiste séduit autant par sa grâce, sa voix grave, assurée et envoûtante qui rappelle celle de Maurane que par sa plume délicate qui porte haut et forts ses combats. Elle terminera son set par une reprise de Lana Del Rey : « Bue Jeans ». Nul doute que la jeune femme saura imposer son univers délicat et feutré et marquer son empreinte dans la nouvelle pop française.
Petit tour maintenant sur la scène de l’Eden, à quelques pas de là, pour découvrir le chanteur Gaël Faye. On en a bien déjà entendu parler (notamment aux Victoires de la musique où il a remporté le prix de la révélation scène de l’année) mais notre connaissance du jeune chanteur est limitée. On est donc curieux de le découvrir sur scène. Et là, c’est la claque ! Bien sûr, c’est du rap et il faut aimer ça. Mais sans nul doute, Gaël Faye apporte un vent de fraicheur au rap français avec des sonorités africaines qui laissent transparaitre ses origines.
Né au Burundi d’une maman rwandaise et d’un père français, Gaël Gaye a rejoint la France en 1995 après le début du génocide rwandais. Il a ensuite suivi de brillantes études en France mais sa passion pour le rap et l’écriture l’a vite rattrapé. Ecrivain (il a remporté le prix Goncourt des Lycéens en 2016 pour son roman Petit pays), chanteur, poète, conteur sans failles, Gaël Faye sait capter et attraper son public. Les textes sont ciselés comme de la dentelle : La poésie que je brode/ c’est d’la dentelle à coudre/ Quand c’est l’orage dehors,/ j’en ai plus rien à foudre, dit-il d’ailleurs dans sa chanson A trop courir. Une dentelle de mots qui nous prend à la gorge…
Sur scène, il est accompagné par le surdoué Guillaume Poncelet, pianiste-trompettiste, ex-membre de l’Orchestre national de Jazz. Un autre musicien s’occupe des machines pour apporter la touche electro. La musique porte les textes et les influences africaines nous emmènent en voyage, là-bas, où il a grandi.
Extrêmement sympathique avec son public, hyper simple, le poète nous embarque dans son Afrique natale et fait groover le public visiblement conquis.
Retour sur la grande scène où nous prenons le concert de Shame en cours. Le groupe de rock est déjà déchainé sur scène ! Charlie Steen, le chanteur, torse nu, donne de sa personne, survolté tout comme ses musiciens, plus particulièrement le bassiste qui est une vraie pile électrique ! Leur lâcher-prise fait plaisir à voir. Du groupe, on ne sait pas grand-chose… Les jeunes garçons, originaires de Londres, se font discrets sur les réseaux sociaux. Mais ce qui est certain, c’est qu’ils ne le sont pas sur scène ! Les trublions assurent et nous prouvent que les guitares et le rock anglais n’ont pas dit leur dernier mot !
La nuit tombe doucement. Le festival porte bien son nom aujourd’hui puisque nous allons pouvoir apercevoir l’éclipse de lune. Mais le ciel se couvre… La scène, quant à elle, s’anime. L’équipe de Juliette Armanet s’active pour le montage du matériel. Quand arrive Juliette… Elle vient faire les réglages elle-même, en toute simplicité. A peine connue il y a un an, Juliette Armanet s’est maintenant fait un nom dans le petit monde de la chanson française. Son album Petite amie a d’ailleurs été récompensé par les Victoires de la musique. Nous l’avions découverte fin 2017 pour une session acoustique privée au piano. Nous avions déjà été charmés par ce petit bout de femme simple, naturelle et drôle. Nous la découvrons ici débordante d’énergie et très à l’aise avec son public. Sa tenue blanche, scintillante et ample laisse apercevoir un joli petit ventre rond. La jeune femme est bien enceinte ! Un joli secret dévoilé pour l’occasion… Musicienne et compositrice lilloise, Juliette Armanet a le don de renouveler la variété française en lui apportant modernité et raffinement. Elle alterne entre des ballades mélancoliques au piano et des titres plus funky. Dotée d’un véritable sens de la scène, elle nous livre des textes pleins d’humour où les émotions sont reines. Nous, on adore !
C’est ensuite au tour de Jain de faire le show ! De retour sur scène avant la sortie de son prochain album Souldier en août, la jeune femme entonne On my way avant d’enchainer sur Heads up. Elle reprend évidemment ses tubes Come, Makeba et son nouveau single Alright que tout le monde connait déjà par cœur. Très à l’aise sur scène, Jain joue avec le public, chaud comme la braise. Baskets aux pieds et combinaison bleue électrique, elle est seule en scène avec sa guitare et ses machines. Elle lance des sons auxquels elle superpose des loops de voix qu’elle enregistre en live. La manche lumineuse de sa combinaison intrigue. Elle nous révèlera son secret. Chaque bouton lumineux contrôle en fait une sonorité sur la machine à l’arrière. Sa manche électronique lui permet donc de gérer à distance la musique tout en s’amusant sur scène. La technologie nous étonnera toujours… Electro, rythmiques africaines et phrasé hip-hop : des ingrédients originaux qui font toute l’unicité de Jain terminant son concert enfermée dans un ballon transparent géant porté par la foule de festivaliers venue l’applaudir.
Le public est chaud bouillant pour accueillir OrelSan qui nous présente un show similaire à celui d’Arras dont nous vous avions déjà parlé . Le ciel s’est dégagé et laisse apparaitre la fameuse éclipse de lune. Quant aux étoiles, ce soir, elles étaient dans les yeux…
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