Iron Maiden lâche la bête sur Paris

Après deux reports en deux ans, le concert parisien de la tournée planétaire Legacy of the Beast a enfin lieu le 26 juin 2022, et ce n’est pas pour déplaire aux fans venus applaudir par milliers, le légendaire groupe anglais.

Iron Maiden a eu raison de voir grand en posant ses valises à l’U Arena à La Défense, la plus grande salle de spectacles d’Europe. Avec une capacité et des dimensions pharaoniques (jusqu’à 40 000 spectateurs), celle-ci est digne des groupes qu’elle accueille. Et les invités assurant, non pas la, mais les premières parties du concert ne sont pas des moindres : Lord of the Lost, groupe de métal gothique allemand et les australiens Airbourne. Tandis que les premiers peinent à convaincre, les seconds, qui jouissent d’une notoriété internationale, parviennent à faire patienter les foules. D’ailleurs, après une prestation au Hellfest quelques jours auparavant, ils promettent un prochain concert au Zénith de Paris en fin d’année.

A 19h30 la scène se met en place pour le groupe phare de la soirée. Des images du jeu vidéo, Legacy of the Beast sont projetées sur les écrans les géants. La salle est immense. Une marée noire équipée de bières et de T-shirts du groupe envahit la fosse sans la remplir non plus. Et pourtant les fans sont venus par milliers des quatre coins du monde. On le sait grâce aux couleurs des bannières qu’ils arborent : britanniques, brésiliennes, allemandes ou espagnoles. Sans oublier les drapeaux à l’effigie du groupe achetés dans la boutique officielle qui tient un stand à même la fosse. Parce qu’Iron Maiden, ce n’est pas que de la musique, c’est aussi un imaginaire qui fait rage depuis plus de quarante-cinq ans. D’ailleurs, les goodies partent comme des petits pains, en particulier les T-shirts qui, plus que des accessoires de mode, sont des signes d’appartenance et de reconnaissance entre initiés.

 

A 20h04 le concert commence avec un solo de guitare qui s’ensuit de l’habituelle reprise de Doctor Doctor du groupe UFO. Les lumières s’éteignent et les lampes torches des téléphones portables du parterre de fans prennent le relai. Un coup de canon (fictif) retentit et c’est l’euphorie. Un décor de pagodes japonaises apparaît au fond de la scène, rappelant le thème du dernier album sorti en 2021, Senjutsu. Le chanteur, Bruce Dickinson arrive, habillé en kimono noir et bun sur la tête. Il entonne le premier titre éponyme, quand apparaît Eddie la mascotte du groupe, déguisé en samouraï géant. Nouveaux et anciens morceaux se mélangent au fil des décors et des jeux de lumières changeants : des anges de la mort chevauchent des motos en arrière-plan pendant The writing on the wall ; motos qui viennent ensuite s’encastrer dans une pagode. Retour en Europe sur Revelations, titre ayant une connotation religieuse. On aperçoit un fond de cathédrale avec une rosace et des vitraux ornés de portraits d’Eddie grimé tantôt en punk, tantôt en pharaon, rappelant les pochettes des différents albums.  L’ambiance est à la fois mystique et explosive : le public est conquis voire en extase pendant que certains slament sous la scène.

Le chanteur esquisse quelques mots de français pour dire qu’il s’agit de leur vingt-huitième concert à Paris, où ils ont joué « plus qu’à New-York ». D’ailleurs, c’est dans la capitale française que le dernier album a vu le jour, pendant l’interruption de la tournée Legacy of the beast, pour cause de covid 19. La tournée géante, qui a débuté en 2018, ne compte pas moins de cent-quarante dates à travers le monde. Pour célébrer la sortie du jeu éponyme, le groupe a souhaité rejouer d’anciens morceaux comme Flight of Icarus (non joué depuis 1986) ou Where eagles dare (non joué depuis 2005). Leurs titres les plus célèbres sont repris également comme Fear of the dark, rebaptisé pour l’occasion, “La Défense in the dark“.

 

Les effets visuels ne manquent pas : un paysage d’enfer illustre Sign of the Cross. Bruce Dickinson brandit une croix lumineuse et la traîne sur scène, entouré de feux d’artifice. Pour Flight of Icarus le décor change à nouveau : un homme ailé s’envole petit à petit. Il s’agit évidemment d’Icare qui finit par se brûler les ailes comme dans le récit mythologique. Le spectacle se termine par des feux au lance-flammes. La scène s’assombrit, des nuages apparaissent sur Hallowed by the name. La scène devient rouge et des flammes surgissent sur The number of the beast. Une énorme bête sort progressivement de sa tanière : aucun doute, on est en enfer. Après la descente aux enfers, on assiste à la libération britannique grâce à Eddie déguisé en soldat anglais. Le concert démontre un combat permanent entre le bien et le mal, qui dure tout le long. Clou du spectacle : le fameux discours de Churchill est relégué à la fin, après le rappel, avec un deus ex machina sous forme d’avion factice qui plane par-dessus la scène.

Le groupe de sexagénaires a pris quelques rides certes, mais n’a pas perdu de son dynamisme. Bruce Dickinson est partout, il traverse la scène de long en large, combattant la bête de son sabre ou brandissant un drapeau britannique puis un autre français ou faisant exploser un baril de TNT. Plus qu’un concert, Iron Maiden nous offre du grand spectacle. L’histoire est bien agencée, les décors, les costumes du chanteur et sans oublier Eddie, sont construits autour des chansons. Tout est orchestré pour faire de Legacy of the Beast l’une des tournées les plus perfectionnées du groupe de death metal anglais.

Setlist

Senjutsu
Stratego
The Writing on the Wall
Revelations
Blood Brothers
Sign of the Cross
Flight of Icarus
Fear of the Dark
Hallowed Be Thy Name
The Number of the Beast
Iron Maiden

Rappel 1
The Trooper
The Clansman
Run to the Hills

Rappel 2
Churchill’s speech
Aces High

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