La Pietà était en concert le jeudi 16 novembre dernier aux Étoiles de Paris. Concertmag l’a rencontré pour une interview à la Cantine de la Cigale la veille de son concert à Paris.
On va commencer par une présentation, peux-tu me raconter l’histoire de La Pietà ?
La Pietà c’est un projet que j’ai commencé il y a trois ans. En fait je fais de la musique depuis pas mal d’années mais j’avais décidé d’arrêter la musique il y a trois ans parce que ça s’était mal passé avec une maison de disque, parce que j’avais une mauvaise expérience. Quand j’ai décidé d’arrêter je suis partie m’exiler dans le Sud dans une maison et là j’ai commencé à écrire un roman. Même si j’avais décidé d’arrêter la musique, la musique c’est quelque chose dont j’ai besoin. Je me suis remise à composer et j’ai eu envie de composer de manière différente par rapport à ce que je faisais avant. Parce qu’avant je composais avec une guitare voix et là j’ai eu envie de travailler plus à la manière d’un rappeur et poser mes textes dessus.
J’ai vu que tu portais un masque, qu’est ce que cela évoque pour toi ?
C’était un peu une manière pour moi de revenir à la musique parce que j’avais décidé d’arrêter la musique en tout cas j’avais décidé que si je refaisais de la musique, ça allait être que pour moi, que chez moi. Et en fait c’est un pote arrangeur avec qui je bossais sur autre chose qui m’a poussé à lui faire écouter ce que j’ai fais dans ma chambre et j’avais fait plein de maquettes etc…Il trouvait que c’était super bien et il m’a poussé à enregistrer. Il m’a poussé à sortir le truc sur Internet et je l’ai sorti et je ne voulais plus que ça soit mon métier et moi mon métier c’était devenu manageuse d’artistes. Je m’occupais de d’autres artistes, je faisais d’autres choses dans la musique. Le masque me permettait de me dire que c’était un amusement. Je ne voulais pas mélanger mes activités et je ne voulais pas que les gens qui connaissaient ma musique, préjugent ce que je faisais. Le fait d’avoir un masque et d’être anonyme ça offre une vraie liberté parce que je peux dire et faire ce que je veux et la liberté de ton que j’ai dans La Pietà elle vient de ça.
On dit de toi que tu es une sorte de Virginie Despentes, qu’en dis-tu ?
Ça me fait plaisir parce que j’aime beaucoup Virginie Despentes et c’est une fierté quand on me dis ça. Je pense que je suis souvent comparé à Virginie Despentes parce que c’est la plus connue en littérature en tant que femme pour avoir utilisé un langage cru et vu que moi c’est aussi mon style d’écriture d’aller sur des mots crus, on me compare à elle à cause de ça. Au fur et à mesure, je suis allée vers une vraie identité dans la manière d’écrire.
Qui sont tes influences musicales ?
Il y a pas mal de choses parce qu’en général quand on me demande mes influences dans La Pietà, mes influences ne sont pas que musicales. Ce qui m’a influencé dans ce projet, ce n’est pas que la musique, ce sont les arts graphiques. Le nom de la Pietà vient des œuvres de Michel-Ange. Moi j’ai des études d’arts graphiques, d’histoire de l’art. J’adore aussi le cinéma, la littérature. Dans la musique, j’ai plein d’influences parce que j’ai fait pas mal de choses dans ma vie et dans ma carrière musicale. Je suis partie d’un milieu plutôt rock à la base. Dans mon enfance, j’écoutais plutôt de la chanson française. J’écrivais en français donc il y avait quand-même cet héritage de chanson française qui m’avait marqué. Et au final je suis très intéressée et très fan des musiques actuelles et modernes. Donc tout ce qui est urbain, électro, rap…c’est que fait que La Pietà est un peu à la croisée de plein de styles différents.
Tu disais tout à l’heure que tu avais arrêté la musique. En 2015 tu as fait un titre intitulé “La Moyenne”, en quoi ce titre a marqué le début d’une nouvelle aventure musicale ?
J’ai passé quelques mois à écrire mon roman et à faire un espèce de laboratoire créatif pour chercher ce qui me correspondait le mieux musicalement. Parce que ce qui m’avait perturbé dans mes années précédentes c’est qu’on me poussait à faire des choses musicales qui ne me ressemblaient pas et en même temps c’était de ma faute car je ne savais pas ce me ressemblait. J’avais complètement zappé la phase de recherches musicales. Le fait d’arrêter le métier de la musique m’a permis de pouvoir m’offrir un an où j’ai cherché ce qui me ressemblait vraiment. J’ai fait à l’époque une trentaine de maquettes où il y avait des choses très pop, des choses beaucoup plus électro. Il y avait des textes que j’ai plus dit que chanté. C’est comme ça que j’en suis venue au slam. “La Moyenne” c’était un tournant parce que le premier titre issu de ces 1 an de recherche, c’était le premier titre où je me suis dis “ça s’est moi!”. Là on est deux ans après et je continue à me dire que ce titre là c’est le titre que je voulais faire à tous les niveaux.
De quoi tu t’es inspirée pour la composition des chapitres 1, 2, 3 et 4.
Les chapitres 1, 2, 3 et 4 ont été écrit à la même époque. Ça parle beaucoup de la société. Je me suis rendue compte que dans tous ces titres là il n’y avait aucune chanson d’amour. Il y avait beaucoup de titres qui parlent de mal être face à la société, de mal être en tant que femme, de mal être en général, de mal être face à la religion. Là sur ce que j’aborde actuellement, il y a un peu plus de thématiques différentes.
Est-ce que sur la chanson “J’aime pas les gens” tu fais une sorte de haine envers la société notamment quand tu dis: “J’aime pas les timides, les trouillards, les truands” ?
Non en fait elle est vachement au second degré cette chanson. C’est ma manière de dire que j’aime les gens. Là où c’est un pied de nez c’est que je ne critique pas un certain nombre de personnes, je critique tout le monde et à la fin je dis surtout que ce j’aime le moins ce sont les artistes. Du coup c’est un vrai second degré sur “allez je vous crache dessus mais la pire de nous tous c’est moi !”.
Quels sont ceux qui ont contribué à la réalisation de ces chapitres ?
Un pote à Montpellier, Sylvain qui est musicien et arrangeur voulait absolument entendre ce que je faisais et m’a dit que c’était vraiment bien et qu’il fallait que l’on mettre ça au propre. Du coup on a mis ça au propre dans son studio chez lui et en particulier dans un studio à côté de chez lui qui s’appelle Le Mirador. Pour les chapitres 3 et 4 on a à peu près fait pareil. En plus on a un peu travaillé avec les musiciens parce qu’entre temps j’avais recruté des musiciens pour le live. La différence par rapport aux chapitres 1 et 2 c’est que les titres avaient été joués en live avant d’être enregistrés.
As-tu constaté des différences dans les chapitres 3 et 4 par rapport aux chapitres 1 et 2 ?
Dans les chapitres 3 et 4 il y a une amorce de ce que va être la suite. Parce que les titres “J’aime pas les gens” et “Nous sommes là” ont été écrit l’année dernière et donnent plus la direction de ce qui va y avoir dans l’album qui suit.
Pourquoi les clips sont-ils en noir et blanc ?
Parce que je n’ai pas les moyens de mettre la couleur (rires). Non parce que je suis assez fan de tout ce qui est visuel et arts graphiques. J’ai fait des études d’arts graphiques et quand je faisais des photos j’aimais beaucoup le noir et blanc. Ça me semblait correspondre au projet que j’avais envie de défendre parce que ça parle beaucoup de contraste, du fait d’être au fond du trou et d’essayer de voir un peu de lumière. Pour moi, le noir et blanc ça représente le contraste entre “je suis en train de vous chanter des paroles super dépressives mais en même temps je suis en train de chanter”.
Peux-tu m’en dire plus sur le roman que tu rédiges ?
C’est un roman qui est inspiré de pas mal de choses que j’ai vécue. Mais en même temps je ne voulais pas partir sur une autobiographie. Ce n’était pas très intéressant de vraiment raconter ma vie mais par contre j’avais envie de m’inspirer des choses que j’ai vécue pour raconter une histoire. C’est pour cela que j’appelle plus cela un roman plutôt qu’une bio parce que c’est romancé, ce n’est pas ma vie exactement. Je m’offre la liberté de raconter la vie que je veux mais c’est quand même inspiré de choses que j’ai vécue et de réflexions sur notre monde, sur la société, sur la place de la femme dans la société, sur le rapport à la musique, sur la soif de réussite c’est à dire qu’est ce que c’est que réussir et aussi la différence entre le divertissement et la culture et pourquoi en tant qu’artiste, on est complètement dans une distorsion entre le fait de créer et la fait de devoir vendre ce que l’on crée.
Quels sont tes projets pour 2018 ?
Beaucoup de choses parce qu’en quelques mois il s’est passé beaucoup de choses pour La Pietà. On a beaucoup de gens qui nous soutiennent notamment des institutions, des organismes comme la SACEM par exemple et des tourneurs qui se sont greffés au projet. Du coup tout ça fait qu’on a un programme chargé pour 2018 donc c’est chouette ! On va à la fois continuer de tourner puisqu’on est en train de défendre les chapitres 3 et 4 sur scène. On a pas mal de dates à l’automne et on en a pas mal sur le premier semestre 2018. Et puis en parallèle de ces dates là on commence à enregistrer un album qu’on aimerait sortir d’ici la fin 2018.
Propos recueillis par Kevin Sonsa-Kini
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