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Nous avons eu la chance de rencontrer Moustapha, l’un des membres du groupe Zebda avant leur concert Ă Gonesse, voici l’interview
Concertmag : Pourquoi avoir appelé votre album « Comme des Cherokees » ?
Zebda : Ăa ne nous est jamais arrivĂ© de trouver un titre au dĂ©but de lâalbum. On trouve toujours le titre Ă la fin une fois que les chansons sont Ă©crites et finies.
Quand on a fini cet album on sâest rendu compte que dans nos textes on faisait souvent rĂ©fĂ©rence aux Indiens. Il y a mĂȘme deux ou trois titres comme « Le panneau » et « les petits pas » et cette phrase : « on a pris La Seine comme on prend le maquis sans armes mais comme des cherokees », câest de lĂ quâon a eu une soirĂ©e de rĂ©flexion, comme on en a souvent pour comprendre pourquoi. Câest parce que dans les Westerns on faisait passer les Indiens pour des sauvages, scalpeurs, massacreurs de femmes et dâenfants et les Cow-boys comme des hĂ©ros. Câest lĂ que notre esprit revendicateur et rebelle est nĂ©, notre besoin de prendre la parole et de dire NON. « Comme des Cherokees » pour nous ça veut dire que nous sommes dĂ©finitivement du cĂŽtĂ© des Indiens.
Concertmag : Jâai trouvĂ© cet album plus funky que dâhabitude. Est-ce le fait dâavoir travaillĂ© avec Yarol Poupaud ? Que vous a-t-il apportĂ©Â de nouveau ou de plus dans cet album ?
Zebda : lâalbum est en effet plus funky, plus rock que dâhabitude. Le but aprĂšs avoir terminĂ© la composition des chansons et les arrangements est dâessayer dâenregistrer un album vivant. LâarrivĂ©e de Yarol Poupaud nous a apportĂ© un regard extĂ©rieur ; câest le rĂŽle du rĂ©alisateur, mais surtout toutes les guitares quâil a jouĂ© sur lâalbum car câest lui qui joue toutes les guitares. Câest un guitariste dâune autre planĂšte. Il a accentuĂ© ce cĂŽtĂ©-lĂ . MĂȘme si nous avons toujours Ă©tĂ© trĂšs dance et aimĂ© faire danser les gens.
Concertmag : Vos chansons, câest une façon pour vous de vous exprimer et de dĂ©noncer toutes les injustices faites en France. Est-ce vraiment ça le but de vos chansons ?
Zebda : En effet, on a besoin dâexprimer et de porter quelque chose. La chanson française a toujours eu son aspect social. Comme Renaud, Pierre Perret, Moustaki câest ce que nous, on appelle de la poĂ©sie sociale. Nos thĂ©matiques se nourrissent de ces descriptions-lĂ . La chanson nous permet de mettre des mots sur des injustices. La musique ce nâest jamais que la bande originale de nos vies, la musique permet de nous rappeler dâun moment, dâun Ă©vĂšnement et se sentir moins seul. La musique nous accompagne Ă chaque moment de la vie ; il y a de lâamour, de la nostalgie, de la tristesse, de la colĂšre et de la revendication.
Concertmag : La chanson qui vous a rendu populaire «tomber la chemise », elle reste toujours dans votre répertoire ?
Zebda : oui
Concertmag: câest une chanson qui est devenue incontournable dans toutes les grandes fĂȘtes, mĂȘme si elle est beaucoup moins revendicative. Est-ce que ça fait plaisir ??
Zebda : oui elle a une couleur plus lĂ©gĂšre mais elle parle quand mĂȘme des gens des citĂ©s. Elle ne dit pas rien. Evidemment quand elle est diffusĂ©e dans des moments festifs elle nâa pas forcĂ©ment ce rĂŽle-lĂ . Avoir eu une chanson comme celle-ci câest une grande chance pour nous, ça nous a permis de vivre des choses quâon nâaurait jamais vĂ©cus, ça nous a permis dâaccĂ©der, il faut bien le reconnaĂźtre Ă un ascenseur social. Ensuite nous avons eu le sentiment que câĂ©tait un peu rĂ©ducteur par rapport Ă ce quâon attendait mais câest passĂ© avec le temps ça se rĂ©Ă©quilibre. Elle est devenu une infime partie de la vie des gens tellement ça Ă©tĂ© un gros tube. On est conscient aussi que pour nous câĂ©tait un accident cette chanson, je ne sais pas comment on a fait mais cette chanson est arrivĂ©e au bon moment.
Concertmag: Il y a eu huit ans de sĂ©paration, vous avez repris depuis 2012 câest le deuxiĂšme album, est-ce que vous voyez lâavenir encore ensemble ?
Zebda : non, câest pour ça que notre 1er album sâappelait « Second Tour » au-delĂ du fait que câĂ©tait juste avant les prĂ©sidentielles, mais câĂ©tait pour nous un second chapitre quâon ouvrait. Le premier chapitre de Zebda, câĂ©tait notre adolescence sur une pĂ©riode de 15 ans et une belle rĂ©ussite. Ensuite on dĂ©cidĂ© de faire un break. Nous avons souhaitĂ© faire notre retour avec lâidĂ©e de faire du « Zebda » ensemble tout en prĂ©servant ce quâon a fait individuellement pour avoir quelque chose de complet et ainsi faire vivre du « Zebda » Ă©ternellement. Mais pour faire vivre « Zebda » Ă©ternellement il faut porter nos projets hors de Zebda. Je pense que la prochaine Ă©tape sera certainement de remettre sur la route quelques projets quâon a portĂ© pendant huit ans tout en se disant quâon se retrouvera avec Zebda rĂ©guliĂšrement.