Le café de la danse est plein à craquer. Ce soir, il affiche complet ! Il y fait une chaleur étouffante et quand Govrache entre en scène, c’est le public qui est chaud bouillant. « Quarante ans ». C’est avec cette chanson empreinte de nostalgie qu’il décide de débuter son spectacle. La chanson est une inédite et la salle est directement captée par les mots. Ces mots que Govrache sait si bien manier.
Dans le public, certains le connaissent depuis peu. Il semble en effet avoir conquis une bonne partie du public de Gauvain Sers en assurant quelques-unes de ses premières parties partout en France. Depuis, tout semble s’accélérer pour Govrache. Gauvain est présent dans la salle. Il n’aurait pas pu rater le premier Café de la danse de son pote.
Mais d’autres connaissent Govrache depuis plus longtemps. En effet, malgré son look de jeune premier (mais pas premier de la classe !), le jongleur de mots traine sa gratte dans les petites salles de la capitale et de province depuis une dizaine d’années : C’est là qu’j’ai sorti mon stylo et qu’j’ai commencé à écrire/ Il s’est passé un truc étrange difficile à décrire :/ L’idée d’une vie en équilibre entre l’évidence et le doute,/ Quand le bonheur que tu recherches croise la galère que tu redoutes, chante-t-il. Depuis quelques mois, ce long travail porte enfin ses fruits et la reconnaissance du public est bien là. La preuve ce soir avec une standing ovation dès la fin de la première chanson.
Aujourd’hui, il est venu présenter un tout nouveau spectacle avec en exclusivité les titres du prochain album. Mais gros changement : les chansons sont toutes slamées… De la nouveauté donc, puisque Govrache s’éloigne de sa zone de confort, lui qui nous avait habitué à chanter dans ses deux premiers albums. Et le choix est plus que judicieux ! Les mots résonnent encore plus forts, encore plus justes, et prennent tout leur sens, rythmés par une musique fabuleusement orchestrée. Entourés de ses musiciens Adrien Daoud à la contrebasse et Antoine Delprat au piano et au violon, Govrache nous livre des textes tantôt tendres et nostalgiques, tantôt corrosifs et caustiques. Il s’inspire du réel, de notre réel, et ses chansons nous ressemblent.
Il nous parle de la perte d’un ami dans « Une soupape », de l’école et de ses fameuses récitations au tableau dans « Le dormeur du râle », de l’absurdité de la vie dans « Panne d’essentiel » : Je bosse pour partir en vacances/ Je pars en vacances pour oublier/ Que je bosse pour partir en vacances/ Et je tourne en rond dans le sablier. Il ne se gêne pas non plus pour tailler un bon costard à quelques personnalités politiques. Et quand Macron s’invite sur scène, la surprise est totale ! La chanson dédiée à sa femme (tout simplement intitulée « Ma femme ») est une formidable déclaration d’amour et prend encore une autre dimension quand on sait qu’elle est dans la salle en train de filmer le spectacle.
Quand il parle de l’ivresse qui fait les timides volubiles et guide les filles vers les garçons, qui rend les tristes un peu moins tristes, mais les cons un peu plus cons, on est ému, on sourit, on rigole même parfois. Car oui, on a tous eu un jour « les yeux plus grands que le foie ». Et quand il évoque les S.D.F dans « L’homme-trottoir », on est bouleversé : Mais tes amis et ta famille font comme tes fringues : ils s’effilochent/Avec le temps, t’as plus qu’des trous au fond des proches/Les souvenirs se font fantômes et les fantômes résidus/Des résidus d’oubli qui s’entassent et pourrissent dans les rues.
Dans « Le bout de la table », Govrache évoque le temps qui passe et qui place une famille autour de la table un soir de Noël. C’est l’histoire d’un petit garçon de 4 ans placé au bout de la table, à la place du roi, qui observe l’arrière-grand-mère qui « n’entend plus qu’avec les yeux », assise à l’autre bout . Et le temps passe, et le petit garçon grandit et prend la place des autres. Jusqu’au jour où le petit garçon est devenu vieux et a pris la place de l’arrière-grand-mère à l’autre bout de la table : Ça fait 10 ans que je m’assois ici/Et je m’y sens bien à chaque Noël/Je crois bien que j’ai passé toute ma vie à jouer aux chaises infidèles/J’ai mis une vie pour m’assoir là et prendre conscience du temps qui passe/Il faut une vie pour s’assoir là et accepter de céder la place…
En choisissant le slam, Govrache semble avoir trouvé sa voie. Les textes sont davantage mis en évidence et la musique vient sublimer les mots. Poétique, engagé, drôle, tendre, Govrache séduit le public suspendu à ses lèvres, presque envoûté (Oserait-on dire « enslammé » ?). Il ne reste plus qu’à séduire les radios pour que les ondes diffusent et répandent ces jolis textes qui méritent tellement d’être plus connus. En attendant, Govrache est sur scène partout en France et passera par La Cigale le 16 mars 2019. S’il passe dans votre coin, vous savez ce qu’il vous reste à faire…
Super article…qui donne envie de connaître l artiste.