Le Crossroads est le premier festival européen de découvertes musicales dans la région des Hauts-de-France. Il s’agit d’un jeune festival puisqu’il a vu le jour il y a seulement deux ans. Nourri de belles ambitions pour les musiques actuelles et les groupes émergents de la région, il offre aux artistes locaux un véritable tremplin mais accueille aussi des artistes d’autres régions de France et même d’ailleurs.
Du 12 au 15 septembre, les festivaliers ont donc pu découvrir des groupes en devenir et différents styles musicaux. C’est à la Condition publique à Roubaix, friche industrielle de 10000 m2, ancien lieu de stockage de l’industrie textile que les groupes se produisaient ce vendredi 14 septembre.
Le principe est simple. Deux scènes face à face. Trente minutes de showcase par groupe. Pendant la prestation d’un groupe sur une scène, l’autre groupe se prépare sur la scène suivante. Ce principe permet un enchainement rapide entre les concerts, ce qui est assez plaisant.
C’est d’abord le groupe When’airy met Fairy venu du Luxembourg que nous retrouvons sur scène. Il est 20h30 et la salle commence à peine à se remplir. Le groupe est composé normalement de trois personnes mais aujourd’hui, ils ne sont venus qu’à deux : Thorunn Egilsdottir au chant et au synthé et Mike Koster aux guitares. A la fois minimaliste, épurée et subtile, la musique nous installe dans un cocon de douceur bercés par la voix cristalline de Thorunn qui semble nous chanter au creux de l’oreille. La jeune artiste et pianiste multilingue a grandi entre le Luxembourg (où elle est née et où elle est installée aujourd’hui) et l’Islande (d’où viennent ses parents). Le groupe a déjà sorti un album intitulé « Glow » en mai 2017.
Le duo Cardri, originaire de la région, débarque ensuite sur l’autre scène avec son punch et sa vitalité débordante. Le jeune chanteur Luke Sydnor, 19 ans, a en effet beaucoup d’énergie à revendre et ne reste pas une minute en place sur scène. Mais l’énergie est également présente dans les morceaux entre rap et electro teintés de sonorités pop. Son flow haché rappelle celui d’Eminem et oscille entre rap dur et arrangements aériens bien menés par Max aux machines. Le groupe qui était sur la scène Tremplin du Main Square festival il y a deux ans a déjà enregistré un premier EP, « The Disease », sur lequel il revisite le titre « In the Air tonight » de Phil Collins. Sur scène, entre les chansons, le chanteur s’exprime en français et en anglais. On en comprend la raison quand on apprend que le jeune garçon est né d’un père américain et d’une mère allemande. Il n’habite en France que depuis quelques années.
Sur la scène d’en face, Ours Samplus (Vous avez compris le jeu de mots ?) se met en place. Duo de producteurs francais, Ours Samplus propose un univers musical instrumental aux inspirations infinies. Sur une base résolument hip-hop viennent s’ajouter des références issues de la Black Music comme le jazz, le swing, la soul, le tout accompagné des sonorités de nature qui leur sont propres. Les deux garçons sont discrets sur la scène à peine éclairée et on voit à peine leur visage. Le set est plus court que prévu car ils ont perdu beaucoup de temps pour l’installation. Dommage… On n’a pas eu vraiment le temps de rentrer dans leur univers et d’apprécier le groupe à sa juste valeur.
Place au rock avec Blue Orchid, duo originaire de Clamecy et actuellement basé à Dijon en Bourgogne. Amis de longue date, le groupe composé de Math et Alex donne dans un rock garage simple, efficace avec une énergie live électrique malgré quelques problèmes d’ampli au début du set.
Sur la scène d’en face, un étrange tableau se met en place… Trois musiciens arborent d’étranges masques et des capes rouges, créant un climat hors du temps. Vous pensez découvrir leur visage à la deuxième chanson ? Eh bien non ! C’est bien la première particularité d’Idiot Saint Crazy Orchestra. Sur la deuxième chanson, ils arborent un nouveau masque, lumineux cette fois. Et ce sera pareil pour les autres titres. Le spectateur est ainsi propulsé dans un western imaginaire et complètement psychédélique entre rock, musiques progressives et ethniques. Le groupe porte bien son nom. Complètement crazy !
Le groupe obscur fait fort également en ce qui concerne ses tenues de scène tout aussi folles. De superbes tenues faites maison qui accentuent la profonde identité du groupe qui puise son inspiration dans une symbolique ésotérique. Constitué d’une chanteuse bassiste, de deux guitaristes, d’un claviériste et d’un batteur, le groupe développe une pop alternative alternant des chansons en français et d’autres dans un langage obscur qu’ils ont eux-mêmes inventé : l’Obscurien.
Nous terminons la soirée avec Bison Bisou. Chant singlé, riffs sanglants…Attachons nos ceintures, ça déménage ! On y trouve de l’esprit garage et punk, des mélodies pop, des envolées psyché, le tout dans une folle orgie créative qui embarque le public remuant et dansant de manière tout aussi créative…
https://legroupeobscur.bandcamp.com/
https://idiotsaintcrazy.bandcamp.com/
https://ourssamplus.bandcamp.com/
https://cardri.bandcamp.com/