Pour son retour à Paris, l’éternel dandy américain a choisi la mythique salle de concerts du boulevard des Capucines, l’Olympia. Absent depuis deux ans, Beck est revenu le 28 juin dernier, plus frais que jamais pour assurer ce show programmé et reprogrammé à plusieurs reprises.
En première partie, un américain peu connu en France, Jawny, échauffe la salle de sa guitare cinglante, accompagné de ses deux acolytes à la basse et à la batterie. La scène est dénuée de décor pour ce blond décoloré aux allures de Kurt Cobain. Et pourtant, ses sons pop-rock naïfs mais entêtants, qu’on qualifie de lo-fi, font vibrer la salle. Un peu trop fort parfois, pour ce lieu longtemps habitué à recevoir des concerts acoustiques ou des grands noms de la chanson française.
Alors que la setlist est finalisée in extremis, le concert de Beck commence avec Phase, un morceau instrumental, qui lui laisse le temps d’arriver. A 21h, la salle s’illumine de mauve et il apparaît, éblouissant dans son costume blanc, en pantalon pattes d’éléphant. L’artiste multi-instrumentiste est seul, muni d’une guitare acoustique greffée d’un harmonica. Il dédie The Golden Age à un ami vivant à Paris, ville qu’il porte dans son cœur. Il poursuit, dans une ambiance intimiste, avec des morceaux qui le sont tout autant comme Everybody’s Got to Learn Sometime, composé pendant la pandémie de covid 19.
Des spots de lumière bleue clignotent sur une musique enchanteresse pendant que des musiciens viennent remplacer la guitare acoustique. Place à la bonne humeur avec un Beck décomplexé qui se déhanche sur des sons déjantés, le tout dans une ambiance seventies. Les lumières sont changeantes, tantôt floutées par des fumigènes qui rendent l’atmosphère plus sombre lorsqu’on bascule dans des rythmes hip-hop (Got it alone…). Les guitaristes, alors nichés à l’arrière, rejoignent Beck sur le devant de la scène. Il demande au public de se joindre à lui en frappant des mains. Puis, tel un crooner, il fait montre de ses prouesses vocales, passant d’une voix douce et mélodique, lançant un « I love you baby girl you drive me crazy », à des tonalités plus graves. Les décibels continuent à monter mais toujours trop haut.
Beck s’absente quelques instants avant de réapparaît dans un costume noir ajusté. Cela marque un tournant rock et pop dans la suite du concert. Il enchaine les danses, micro à la main, puis salue la salle mais reste sur scène. Il ressort sa guitare et repart « en ballade ». Après un court discours, il passe au folk, accompagné d’un tambourin. Lorsqu’il entonne Loser, le tube qui l’a fait connaître il y a presque trente ans, le public est en liesse. Enfin, il rend hommage à Serge Gainsbourg qu’il qualifie de « genius », avec la chanson Paper Tiger. C’est d’ailleurs Beck qui a produit l’album de sa fille Charlotte, IRM, sorti en 2009. Enfin, il salue la salle à l’harmonica sur un air country (One foot in the grave).
Le « loser » a pris confiance en lui au fil des années pour devenir un artiste accompli au répertoire étoffé, allant du rock au hip-hop, en passant par la pop et la musique électronique, voire psychédélique. Ce concert, fait de ballades et de chansons d’amour est celui de la maturité. C’est aussi celui des retrouvailles avec Paris qui lui a tant manquée et à laquelle il rend hommage à plusieurs reprises. La soirée se termine après presque deux heures et demi de concert ininterrompu, le public ne voulant pas quitter la salle, ni Beck son public.
Setlist
Cycle
Morning
Stratosphere
Chemtrails
Chemical
Lost Cause
Missing
Earthquake Weather
Night Running
Go It Alone
Black Tambourine
Up All Night
Loser
Rappel :
Paper Tiger
E-Pro
Wheee It’s At
Rappel 2 :
One Foot in the Grave