A l’occasion du FNAC LIVE Paris, Concert Mag a rencontré le groupe Delgrès composé de Pascal Danaé (multi-instrumentiste et chanteur), Baptiste Brondy (batterie) et Rafgee (soubassophone). Leur premier album Mo Jodi est sorti en août 2018. Le nom du groupe est en référence à Louis Delgrès, personnalité de l’histoire de la Guadeloupe.
Propos recueillis par Kevin Sonsa-Kini
-Concert Mag: Qui était Louis Delgrès et comment s’est formé le groupe ?
Pascal: Louis Delgrès était un officier de Napoléon Bonaparte. C’était un métis né en Martinique et soldat de la Révolution qui s’est opposé à Napoléon en 1802, au moment où il a voulu rétablir l’esclavage en Guadeloupe. C’est un héros pour les Guadeloupéens, quelqu’un de super important parce qu’il est allé jusqu’à la mort plutôt que de se rendre. Moi, je ne connaissais pas son existence jusqu’à assez tard dans ma vie. C’est à un moment où j’avais le blues à titre personnel que j’ai commencé à faire quelques notes de blues en référence à des gens que j’adore comme Robert Johnson et autres. Et les paroles qui me venaient étaient des paroles en créole. Je ressentais en moi cet espèce de mélancolie lié au passé des gens des Antilles et à ma propre place dans cette société. C’est comme ça que les premières chansons sont arrivées. Ensuite, une fois que j’ai eu cette matière première, j’ai appelé Baptiste et Rafgee. Ils sont entré dans le groupe de manière incroyable. C’est à ce moment que c’est devenu le groupe Delgrès.
-Comment de temps il a fallu pour la réalisation de votre album sorti le 31 août 2018 ?
Baptiste: Ça a pris deux ans et demi puisqu’on a voulu commencer sur scène avant d’enregistrer cet album. On a fait beaucoup de concerts à travers le monde. On a vraiment trouvé quelqu’un qui a compris notre son longtemps après. C’est Nicolas Quéré avec qui on a enregistré notre album Mo Jodi. Il a vraiment su retrouver le son live qu’on voulait sur cet album.
-C’est un album où vous ne chantez pas qu’en créole, il y a aussi de l’anglais donc c’est assez divers…
Pascal: Oui mais c’est vrai que le créole domine quand-même parce que c’est lié aux thèmes abordés qui sont propres à ma propre expérience.
-Quels sont justement les thèmes que vous aimez traiter dans vos chansons ?
Pascal: Il y a un thème, celui de la liberté c’est sur. Il y a parfois une certaine exaspération dans une chanson comme “Mr President”. C’est l’exaspération face aux engagements non tenus des hommes et femmes politiques. Evidemment “Mo Jodi” qui est la chanson phare de notre album et qui veut dire mourir aujourd’hui parle vraiment du sacrifice de Louis Delgres. Et puis il y a des chansons qui parlent de l’intimité des rapports entre les uns et les autres comme la famille. C’est ce qui nous permet de tenir. Dans tous ces combats de la vie, on peut sortir le matin, aller défiler dans la rue pour gagner sa liberté et autres mais il y a un moment où on retrouve les siens. Et c’est ça qui permet de tenir. C’est pour ça que l’on parle de tout ça. Baptiste et Rafgee ne sont pas guadeloupéens. Ils ne sont pas forcément liés à cette histoire de Louis Delgres. Mais par contre on est ensemble, on fait de la musique et c’est ça ça veut dire quelque chose de fort aussi.
-Vous avez collaboré avec Jean-Louis Aubert pour la chanson “Vivre sur la route”. Comment s’est passée la collaboration avec lui ?
Baptiste: En 2014, j’ai fait une tournée en tant que batteur avec lui. Ça s’est très passé. Quand nous avions notre album, on lui a envoyé. Il a beaucoup aimé le son et l’album dans toute sa splendeur on va dire (rires). En plus j’ai rejoué un peu avec lui et c’est vrai qu’il me disait qu’il aimait beaucoup le groupe. Et quand on a voulu partager une chanson avec quelqu’un ici en France, on a tout de suite pensé à Jean-Louis. Donc on l’a invité et il a accepté.
-Quels sont les retours que vous avez reçu sur cet album ?
Rafgee: On a eu des retours positifs de la part de toutes les branches de musique. On est à cheval sur le blues, sur une partie plus rock et notamment sur la musique du monde. L’accueil a été vraiment très très bon de la part de tous les spécialistes quelque soit les styles de musique. Comme on ne fait pas forcément un blues traditionnel au niveau de la forme et même au niveau des sons, on peut passer pour un ovni. Mais en fin de compte, toutes les critiques sur l’album ont été positives.
-Vous serez en concert à Colombine le 22 juillet, que prévoyiez-vous pour la suite ?
Baptiste: On continue toujours à penser à l’autre album qu’on enregistrera en 2020 et qui sortira en 2021. On a beaucoup de concerts, une grosse tournée jusqu’au mois de décembre. On fera des concerts à l’étranger début 2020. On fera encore des festivals en 2020. Tout va aller très vite.
-Vous allez continuer à promouvoir votre album Mo Jodi ?
Baptiste: Oui dès qu’on peux. On aime aussi rencontrer des personnes avec qui nous pouvons en parler avec des journalistes comme toi. On se doit de rendre un peu des comptes sur notre musique. On veut faire connaître notre musique qui est faite avec le cœur.